Changement climatique: La région de Mayotte touché par un cyclone
Les images ne laissent guère de doute : le bilan humain pourrait être lourd après le passage du cyclone Chido à Mayotte. L’archipel français a été balayé samedi 14 décembre par le cyclone de catégorie 4, une intensité due au réchauffement climatique, ont montré des chercheurs de l’Imperial College dans une étude rapide publiée mardi 17 décembre. Selon leur communiqué, le changement climatique lié à l’activité humaine a transformé un cyclone de catégorie 3 en « un cyclone explosif de catégorie 4 ».
« Il y a eu au moins 30 à 40 % de dégâts en plus en raison de ce changement de catégorie dû au réchauffement climatique », explique le professeur Ralf Toumi, codirecteur de l’institut Grantham sur le changement climatique à l’Imperial College de Londres, interrogé par Le Point mardi après-midi. Le changement climatique a fait augmenter les vents de 11 km/h, ce qui a transformé le cyclone, qui aurait dû être en haut de la catégorie 3, en un cyclone du bas de la catégorie 4 (sur les 5 niveaux de l’échelle de Saffir-Simpson).
« Les dégâts n’augmentent pas de manière linéaire avec la vitesse du vent : par exemple, entre un cyclone du bas de la catégorie 3 et un du haut de la catégorie 4, il y a dix fois plus de dégâts », explique encore le professeur Ralf Toumi.
La rapidité de l’étude a été rendue possible par la mise au point, en 2024 par les équipes de l’Imperial College, d’un nouveau modèle d’analyse des cyclones : Iris. Cet outil compile toutes les données météorologiques disponibles dans les archives autour du globe et en déduit des probabilités d’intensité et de récurrence des cyclones.
Des cyclones plus fréquents et plus intenses
Ainsi, les cyclones comparables à Chido reviendraient aujourd’hui en moyenne tous les 10,1 ans dans la région de Mayotte (sans forcément toucher l’archipel), alors qu’ils ne revenaient que tous les 13,9 ans à l’ère préindustrielle, avant le début du réchauffement climatique. Ce dernier rend donc 40 % plus probable le fait que Mayotte soit frappée par un cyclone de catégorie 4. Avec la trajectoire actuelle, des cyclones comparables à Chido auront lieu en moyenne tous les 8 ans lorsque la planète aura atteint + 2,6 degrés de réchauffement, ce qui est probable d’ici à l’an 2100.
Un autre groupe de scientifiques, Climate Central, a pour sa part, montré que le réchauffement climatique a rendu l’apparition des eaux inhabituellement chaudes qui ont alimenté le cyclone dans le sud-ouest de l’océan Indien plus de cinquante fois plus probable. La surface des eaux qu’a traversées le cyclone a été rendue environ 1,1 degré plus chaude par le changement climatique, et 1,2 degré dans les dernières heures avant de toucher Mayotte.
lepoint.fr